Comme j’ai l’impression que quand je vous raconte la lourdeur des formalités de ce pays, cela me soulage de la grande fatigue accumulée, voici un petit roman de ma journée.
Figurez-vous que dans ce pays, on a un mois pour enregistrer son téléphone portable, sinon le téléphone est bloqué. Alors, c’était la mission d’aujourd’hui. Cela semblait tout simple sur le papier, il suffisait de scanner le QR code… Et comme ma cops du Vietnam m’avait aidé à installer cet outil indispensable, j’étais sûre de réussir toute seule, comme une grande. Quand l’application m’a demandé le code IMEI, j’ai pensé que c’était celui obtenu après une autre de mes aventures dont je vous ai épargné le récit…
Toujours problème… parce qu’il faut un numéro avec 15 chiffres… et le mien n’en a que 14. Et bien non, ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais me passer de l’aide des autres. Après avoir lu les instructions plus attentivement que moi, ma collègue m’explique comment faire pour obtenir ledit code, une formule avec une étoile, des numéros et des dièses… Bizarre, j’en ai deux de ces codes IMEI. Bah, ce doit être parce que j’ai deux cartes SIM… Mince, cela ne fonctionne toujours pas.
« C’est parce que vous avez mis Résident, vous êtes Non-résident. »
Pourtant, à mon avis si j’ai un visa c’est parce que je réside, non ? Aucune importance, ni l’un ni l’autre ne fonctionne. Elle interpelle le stagiaire et parle un moment avec lui.
« Il va vous accompagner pour l’enregistrement, c’est tout près d’ici ».
Alors, je suis à grandes enjambées le jeune homme qui n’est pas très bavard et qui ne semble pas comprendre mes questions. Il parle ouzbek, russe, tatare mais son français est moins que rudimentaire. Arrivés dans la rue principale, il entre dans une boutique, dit à peine quelques mots et nous voilà repartis au pas de charge. Vu qu’on retourne à l’école, je me dis que la mission est trop compliquée ou alors que je dois aller avec quelqu’un d’autre. Mais non, devant l’entrée, il me fait signe pour que je monte dans sa voiture, une BMW comme aiment les jeunes, un engin qui fait du bruit quand on appuie sur la pédale des gaz. Et nous voici partis à travers la grande ville. Il veut rentrer dans le parking d’une banque, c’est étrange. Non, il me montre la poste centrale, mais impossible de trouver une place de parc. On refait tout le tour du quartier, non sans avoir essayé plusieurs fois de se garer là où ce n’était pas possible… Finalement voici le bâtiment où l’on devrait pouvoir enregistrer mon téléphone. Bien sûr que ce n’est toujours pas là. L’homme à l’entrée donne des indications à mon guide, je n’essaie même plus de comprendre, je suis. Retour au lointain parking. Rebroum broum dans la ville jusqu’à la compagnie qui m’a vendu la carte SIM. Reproblème pour trouver une place de stationnement. Puis, il faut prendre un ticket, mais je comprends tout de suite qu’il y a une nouvelle problématique… Je dois montrer mon passeport, l’employée remplit un formulaire en russe et me demande de signer. Je perds un peu patience (j’ai cours dans 30 minutes) parce que je ne comprends pas ce que je dois signer… J’appelle ma collègue pour qu’elle m’explique ce qui se passe, car cela me gêne d’imposer tout cela à ce jeune stagiaire qui a sûrement mieux à faire. Docilement, je signe, on nous redonne une carte SIM avec un nouveau numéro de téléphone… Mais je ne veux pas changer de numéro… Le stagiaire me fait signe que c’est la carte pour faire l’enregistrement. Ah bon…
De retour à l’école, c’est lui qui fait l’enregistrement en ligne et je lui paie les 120’000 sum qu’il a payé avec sa carte bancaire. Alors que le jeune remet l’ancienne carte SIM dans mon téléphone, j’essaie à nouveau de comprendre avec ma collègue.
« Anne-Lise, vous posez beaucoup de questions ».
C’est vrai, j’aime comprendre et tant que je n’ai pas compris je questionne, mais là c’est le pompon, alors je me dis que l’important c’est d’avoir des gens de confiance autour de moi pour m’aider.

