Dimanche matin, je me réveille avec un lourd mal de tête. Pourquoi ? Il fait trop chaud là où je dors ? La pleine lune a-t-elle distillé des rêves compliqués dont je ne me souviens pas ?
Et si c’était un simple besoin de dire ?
Après une autre journée chaotique vendredi, j’étais contente de m’échapper vers la montagne samedi pour une excursion. La promenade était jolie, au creux d’une vallée aux couleurs automnales où serpentait une rivière. Pourtant l’excursion a réveillé en moi le sentiment de frustration d’une lointaine excursion du côté du Camoghé, puisque nous n’avions jamais atteint le sommet. Certes l’objectif était de sortir de la bruyante capitale pour se mettre l’esprit au vert, avec l’idée de marcher jusqu’à une cascade au fond de la vallée. Est-ce parce que nous nous sommes trop arrêtés sur le sentier pour des « clic-clac Kodak », mais nous avons dû faire demi-tour avant d’arriver à destination. Comme j’aime aller voir tout là- haut, j’ai eu la sensation d’une mission inaccomplie. Pourtant c’est au retour, quand ma compagne de voyage a lu la communication de nos chefs qu’a probablement pris racine ce douloureux mal de tête.
Dans le message de nos chefs, je comprends qu’il est bien vrai que les vacances scolaires sont seulement pour les enfants, les professeurs devant venir travailler à l’école pendant la semaine où ils sont en congé. Mais quel est donc ce pays où l’on croit que ce ne sont que les enfants qui ont besoin de vacances ?
Personne ne me demande mon avis, mais vous me connaissez, je suis comme les adolescents, incapable de me taire. Si je trouve très positif et ambitieux d’avoir fait venir des dizaines d’enseignants dans ce pays pour tenter de changer le système éducatif, je ne comprends pas qu’ils ne voient pas mieux où sont les priorités. Certes les enseignants de langues ont des méthodes qui ressemblent plus à celles que j’ai subies alors que j’étais encore très jeune (et vous savez très bien que je suis d’un autre siècle), mais les enfants sont les mêmes que ceux que j’ai côtoyés un peu partout parce qu’ils vivent dans un monde où on est sans arrêt connecté à la planète entière. Ainsi, c’est aussi fatigant de gérer une classe de 20 à 30 élèves que dans d’autres pays, sans compter qu’ici les cours vont du lundi au samedi. Il est vrai que nous autres les profs étrangers, on nous octroie le droit de prendre des jours de congé pendant les vacances des élèves, mais ils seront déduits de notre salaire. Si tout cela soulève une telle pression dans ma tête, ce n’est pas vraiment personnel, je sais qu’un jour je quitterai ce pays, mais cela suscite un grand sentiment d’injustice, il faut savoir reconnaître le noble métier qu’est celui d’enseignant…
On parle beaucoup des enseignants ces temps du côté de la France et j’ai été très émue l’autre jour en regardant l’émission la « Grand Librairie » en replay. Si vous l’avez vue, vous comprendrez mon émotion pour cet émouvant « Hommage à l’école » pour ne pas oublier Dominique Bernard et Samuel Paty.
Alors je reprends la liste qui a conclu la « Grande Librairie » ; chacun devait dire quel était pour lui le droit du professeur :
- Le droit de les amener ailleurs
- Le droit de raconter sa vie en cours (ce sont les meilleures digressions)
- Le droit à l’humour (outil de l’intelligence)
- Le droit à l’indocilité
- Le droit d’être bien payé
- Le droit à l’autorité (structurant)
- Le droit d’aider les futurs citoyens à se construire
- Le droit de faire penser les élèves contre eux-mêmes
- Le droit de les faire rêver
- Le droit de réfléchir et se s’observer
- Le droit de montrer ses émotions
- Le droit de croire et d’espérer en l’ECOLE
J’ajoute le mien au 13ème rang… Peu importe que ça porte malheur ou bonheur, j’ai juste besoin de le dire :
13. Le droit d’avoir des vacances payées…

