Il y a quelques semaines j’ai reçu des nouvelles de cette Chère Comtesse
. Figurez-vous qu’elle était en Chine entre les mains d’une douce amie. Même si je n’ai jamais eu envie de visiter cet immense pays, la joie provoquée par ce message a été grande car cela m’a ramenée au temps où je croyais avoir le pouvoir des mots… Pourquoi utiliser le passé ? Peut-être parce que comme sur le sable tout passe et s’efface et que parfois cela me rend triste qu’on oublie à nouveau cette chère Madame de Gasparin. Ou alors parce que je voudrais avoir plus de temps pour avancer sur les projets d’écriture qui dorment dans les tiroirs de mon ordinateur…
La réalité est plus terre à terre, j’avance un jour après l’autre en espérant trouver cette plage de temps quand l’été reviendra
…
Hier, j’ai compris une fois de plus les écarts abyssaux entre le pays où je vis et celui d’où je viens. Alors que nous étions dans une salle de classe encore plus étroite qu’un wagon de chemin de fer, parce que la salle habituelle était occupée par l’électricien qui réparait la panne, ma collègue s’est étonnée de l’état de saleté du lieu. C’est alors que j’ai appris que c’étaient aux professeurs de payer une femme de ménage pour venir nettoyer leur salle de classe. Et quand j’ai fait part de ma stupéfaction, l’une d’elle m’a répondu en riant et avec l’esprit de fatalisme qui les caractérise : « Mais Anne-Lise, nous sommes un pays EN VOIE de développement. »

