Quand nous sommes arrivés au bord du lac Nefrite (l’ancien nom du lac Urungach), la guide a annoncé que nous ferions la pause pique-nique à cet endroit. Il y avait tellement de monde sous les arbres qu’il m’a tout de suite paru impossible d’y déplier la moindre couverture. Alors comme je ne sais pas me taire quand quelque chose me contrarie, j’ai demandé si c’était possible d’aller jusqu’à l’autre lac.
Maintenant, que le sentier est enfin libre de tout véhicule, la véritable randonnée pourrait commencer, me suis-je dit. Grâce à la présence d’un aimable juge ouzbek qui parle très bien l’anglais et trouve les mots pour appuyer mes arguments ma requête est acceptée. Dès que la photo de groupe est faite devant le lac, ceux qui le désirent se lancent à la conquête de l’autre lac Urungach. Il faut zigzaguer entre la foule mais dès que la pente devient raide et le chemin très caillouteux, il ne reste que les plus courageux. Des fois j’ai l’impression d’être comme un cheval à qui on vient d’enlever la bride et qui peut enfin galoper vers la liberté. Je m’élance bien décidée à ne plus m’arrêter avant de découvrir le paysage caché tout là-haut sur les rochers. Arrivés au bord du deuxième lac, le juge et ses amis proposent de le traverser sur une de ces embarcations. Bonne idée, car la belle prairie de l’autre côté semble bien plus confortable que ces gros rochers. Un randonneur qui nous entend parler anglais dit que c’est dangereux.
- Vous savez nager ? me demande-t-on en souriant.
- Oui.
Bien que cela me donne envie de nager dans ce joli lac de montagne, j’avoue que je préférerais enlever mes chaussures de randonnée avant… Et ce serait bien embêtant de perdre toutes mes photos si mon téléphone devait finir à l’eau.
Le juge négocie un moment, je suppose qu’ils se mettent d’accord sur le prix. Nous embarquons à 7 (y compris le rameur) sur le petit bateau gonflable du jeune homme en chemise blanche. Confiante (ou inconsciente), je déguste la magie et la tranquillité du paysage.

