Petit regard sur la vie automnale à Einsiedeln. Un jour d’hiver, un de mes enfants a dit :
Quand c’est pas vert, c’est blanc…
C’est vrai, cela doit être la caractéristique de la Suisse Centrale, l’intensité du vert. Mais il y a aussi la douceur du paysage et quelque chose de difficile à décrire qui ramène aux instincts primitifs.
Ma curiosité était trop grande, je n’ai pas résisté à aller voir de l’autre côté. On annonçait 45 kilomètres de Zug à Einsiedeln… mais j’en ai fait pas mal de plus. En effet, je me suis trompée plusieurs fois ou alors, pensant m’être trompée, je suis revenue en arrière pour contrôler les panneaux. Ce n’est certes pas dû au fait d’avoir commencé le parcours dans l’autre sens vu qu’il est piqueté dans les deux sens… Je suis encore une apprentie. En toute logique la consommation de Vély a montré combien j’avais allongé le parcours et il a fallu une longue pause pour l’abreuver. Arrivée devant ma porte, sa batterie était à 2 %… Ouf ! Pour aller plus loin, il faudra que je me décide à utiliser un GPS plus efficace que les indications routières, parce que j’ai vu hier qu’une simple déviation pour travaux réussissait à me dérouter… et mon instinct n’est pas toujours des meilleurs quand je ne connais pas la région. Pas sûr que je trouve toujours une auberge sur le chemin pour nous désoiffer et je n’ai aucune envie de monter les pentes en danseuse. Puisque, sans vouloir offenser Vély, il est vraiment trop lourd sans la magie électrique.
Je ne sais pas si le futur me permettra de découvrir les autres étapes, promis je vous raconterai, mais il ne me reste plus que trois jours pour vagabonder, lundi : retour à l’école.
Eh oui, il a fallu ravaler la frustration du voyage consommé sans la joie du séjour… L’envie de recharger la valise rouge vers une autre destination m’a désertée, coupée par une attitude arrogante et sans empathie de la part de SWISS.
Heureusement, j’ai trouvé quelques maisons accueillantes du côté du Tessin pour soulager cette colère contre moi-même d’avoir commis pareille boulette. Le doux sourire de mon petit-fils a consolé ma peine au bord du lac Majeur, dans le magnifique val Bavona enfin retrouvé, et chez moi à Einsiedeln.
Alors j’ai ressorti la petite valise rouge de mon enfance et quelques jouets de mes enfants pour accompagner l’enfance de ce joyeux bambin. Mais qui donc avait perçu en moi cette passion pour le voyage ? C’est dommage, j’ai oublié de qui me vient ce cadeau.
Où faut-il déposer les fragments de vie racontés par les gens au hasard d’une rencontre? Il y a quelques années, je fis la connaissance d’une jeune fille pendant un long voyage vers la Californie. À peine nos ceintures de sécurité attachées, je sentis sa nervosité. Pensant qu’elle avait peur en avion, je tentai de la distraire par une conversation banale. Pourtant, c’est très vite elle qui captiva mon attention. Son long récit me fit comprendre son agitation. Au terme de notre périple vers San Francisco, la jeune femme aux grands yeux bleus me donna l’autorisation de peindre son récit comme je l’avais entendu. Grâce à l’élan de ses mots, j’ai envie de vous susurrer son souffle de vérité.
Je ne sais expliquer pourquoi j’ai tant de fascination pour toutes les histoires qui racontent des départs…
Aujourd’hui encore, lorsque l’on parle de migration, on se demande pourquoi tous ces gens quittent leur pays. On oublie que les hommes sont pareils aux oiseaux. Les migrants de 1800 n’étaient pas les mêmes en 1900. Tout comme ceux de 1900 étaient différents de ceux de l’an 2000. Et pourtant, ce sont les mêmes histoires, les mêmes tristesses, les mêmes espoirs, les mêmes quêtes de richesse. On part en direction d’un ailleurs, à la conquête du bonheur, à la recherche d’un meilleur. On quitte tout pour oublier, pour aimer, pour recommencer. Mais peut-on vraiment effacer hier ? Peut-on renier son propre passé ? Peut-on jouer avec les ficelles de l’avenir sans risquer de s’emmêler dans les fils des souvenirs ?
Un jour quelque part, un individu se lève, un homme, une femme, voire un enfant, et décide de tout quitter. Son voyage est souvent long et semé d’embuches. Le climat change. Il faut apprendre d’autres langues et s’habituer à une nouvelle culture. Chaque migrant accomplit de grands efforts et cherche à devenir quelqu’un d’autre.
Il m’en a fallu du temps… mais j’y suis arrivée… Je récupère enfin l’accès à mon blog… Alors je reprends ci-dessous un texte écrit début juillet :
Allez, un peu d’autodérision m’aidera peut-être à avaler cette mauvaise aventure. Vous souvenez-vous de ma grande valise rouge ? Avez-vous du temps pour lire une longue épopée ?
Par où commencer ? Par vous dire combien je me réjouissais de ce voyage au Pérou.
À l’occasion de l’exposition au musée de Neuchâtel des œuvres de la fille de mon amie péruvienne, María José Murillo, une artiste qui fait revivre les anciennes cultures de tissage andines et quechua à travers le textile, j’ai eu l’occasion d’échanger avec elle et de parler de la civilisation des Incas qui m’a toujours fascinée. Cela a réveillé les souvenirs de mon voyage extraordinaire au Pérou en 1987/1988. En relisant mon journal de voyage de l’époque, mes yeux (et mon cœur aussi je crois) sont restés figés sur le passage que j’avais écrit le lundi 28 décembre 1987 à l’aéroport de Cuzco :
(…) J’en ai gros sur le cœur de quitter Cuzco. Les avions défilent devant mes yeux et moi j’ai l’impression de quitter quelque chose d’inachevé. J’aurais aimé rester un mois ici, pouvoir y vivre toutes les aventures possibles dans cette nature si généreuse. J’aimerais pouvoir dire « ! ¡Hasta mañana Cusco!», mais cela m’étonnerait, c’est si loin de mon petit pays (…)
Alors, j’ai essayé de résister un moment à l’appel du lointain. Cependant, ayant la sécurité de l’emploi et cinq semaines de vacances, j’ai fini par cliquer sur internet et organiser le voyage à Cuzco. J’avais trouvé un charmant logement dans le centre historique. Je me réjouissais de retrouver mon amie Patricia. Je devais même collaborer avec l’Alliance Française locale, par pure envie de rencontrer des amoureux de ma langue et échanger avec des locaux pour en découvrir un peu plus sur leur culture.
La question s’est posée, la valise rouge ne serait-elle pas trop voyante et encombrante dans ce pays où j’avais voyagé avec un simple sac à dos ? Puis j’ai repensé au gros sac (genre sac poubelle renforcé) que j’avais ramené pour tout ce que j’avais acheté dans les marchés colorés des Andes. Tant pis si elle attirait le regard, j’assumerais la grosse valise rouge. Il fallait qu’elle respire un peu l’air du lointain.
Ah si j’avais su… je n’aurais pas encombré mon esprit d’autant de réflexions !
Me voici donc au départ d’Einsiedeln direction l’aéroport de Zurich. Le premier problème était peut-être annonciateur du voyage cauchemardesque qui m’attendait. Arrivée à Wädenswil, il y régnait un air de fête, un festival de musique reggae à côté de la gare. C’est joli la gare de Wädenswil, puisqu’elle est située au bord du lac de Zurich. Comme j’avais un peu plus de 20 minutes avant le départ de ma correspondance, je me suis installée sur un banc, ai sorti mon livre, et ai fait comme si c’était le début des vacances au son de cette ambiance de fête.
À l’heure du départ vers Zurich, le train n’arrivait pas et huit minutes de retard étaient déjà annoncées sur l’écran. Quand le train est enfin arrivé avec 15 minutes de retard, j’ai tiré la grosse valise rouge et me suis installée à l’entrée du wagon. Sauf que tout d’un coup ils ont annoncé quelque chose que je n’ai pas compris et tout le monde s’est levé pour sortir du train. Je suis retournée docilement sur mon banc avec mes bagages.
Heureusement, comme d’habitude j’avais pris une bonne marge de temps pour ne pas trop être stressée par un éventuel retard. Plusieurs annonces ont suivi dans les haut-parleurs sur le quai, mais la musique du festival était tellement forte que je n’ai rien compris, si ce n’est le mot « Kollision ». Un autre train est arrivé, duquel sont aussi sortis tous les passagers. Une voyageuse m’a expliqué qu’il y avait eu une collision entre Wädenswil et Zurich. Ne voyant aucun contrôleur parmi la foule, j’ai commencé à stresser sérieusement. Le conducteur de la locomotive était à la fenêtre et répondait aux passagers les plus inquiets. Ainsi il m’a dit qu’il fallait changer d’itinéraire. Je suis alors repartie en sens inverse vers Pfäffikon – Rapperswil – Zurich gare centrale (dans des trains qui ressemblaient plus à des métros à l’heure de pointe, tant ils étaient bondés) pour finalement arriver à l’aéroport un peu moins d’une heure avant le départ de mon vol.
Heureusement que j’avais déjà fait le check-in en ligne. Ouf ! Deuxième mauvaise surprise, la compagnie Swiss avait changé le siège de ma réservation. Même si je voyage de nuit, j’aime être à la fenêtre, surtout pour un vol de 12 heures. Je me suis retrouvée coincée au centre, avec deux envahisseurs d’accoudoir de chaque côté. Plutôt que de nous offrir un petit en-cas, la compagnie ne propose désormais plus qu’un feuillet avec le menu des mets qui seront servis. Le menu « beef » avait l’air sympa. Étant au dernier rang de l’avion, j’étais aussi la dernière servie. On m’a répondu qu’il n’y avait plus de menu bœuf… je me suis contentée du poulet. Ne parlons pas du délicieux petit-déjeuner annoncé puisqu’ils ont prétendu ne pas pouvoir le servir à cause des turbulences (qui franchement n’avaient rien de très turbulent). Un verre d’eau, une tranche de pain et un chocolat ont donc été servis. Décidément, ai-je pensé, Swiss n’a plus rien à voir avec les promesses de qualité de feu-Swissair.
Rien à dire sur l’escale à Sao Paulo, si ce n’est que c’était la première fois que j’étais en terre brésilienne. Sur le deuxième vol aussi on avait changé ma place, toujours pas de hublot.
Arrivée à Lima, c’est là que tout a basculé. Étonnée qu’on me demande si j’avais un autre passeport au servie d’immigration, je n’ai pas vu arriver le problème. On m’a refusé l’entrée au Pérou parce que mon passeport arrive à échéance au mois de novembre. Persuadée que la validité devait être de trois mois après l’arrivée dans le pays, je me suis soudain rendu compte que je venais de faire la plus grosse boulette de ma longue carrière de voyageuse. Pour entrer dans la plupart des pays d’Amérique latine, le passeport doit être valable SIX mois après la date d’arrivée. Non ! – j’évite ici les gros mots – refusant la vulgarité… À ce moment-là, je comptais encore un peu sur ma bonne étoile, pensant que j’allais sûrement trouver une solution à ce méchant problème. Non, l’ambassade ne pouvait pas m’aider, de toute façon c’était dimanche (à ce jour, ils n’ont du reste toujours pas répondu à mon message). À partir de ce moment-là, j’ai été prise en charge par le service d’immigration et ma vie a commencé à ressembler au scénario du film « Terminal » avec Tom Hanks, si ce n’est que je n’ai plus eu de liberté jusqu’à mon retour à Zurich. Accompagnée même pour aller aux toilettes, enfermée (avec d’autres malheureux refoulés) pendant 12 heures dans un local à l’aéroport de Lima, j’ai pu ressentir ce que doivent ressentir les criminels (innocents ou coupables), à savoir la privation de liberté. On n’a été ni bienveillant ni malveillant à mon égard, mais c’était long, surtout parce que cela faisait deux jours que j’étais en voyage et vous savez comme moi combien il est difficile de dormir assis sur un siège. Deux médecins sont passés pour contrôler mon état de santé. J’espérais encore avoir le droit à une nuit dans un lit avant de repartir par la même route que celle empruntée à l’aller, mais mon cœur et ma pression n’indiquaient aucun danger…
Alors on m’a escortée jusqu’au vol repartant vers Sao Paulo le dimanche soir à 23h.15, confiant mon passeport à l’équipage. À l’arrivée au Brésil, d’autres personnes du service d’immigration m’attendaient à la sortie de l’avion pour prendre en charge mon passeport et me surveiller jusqu’à l’embarquement du vol retour vers la Suisse (soit 13 heures d’attente). Au vu de la surveillance, j’ai pu découvrir que j’avais toujours l’air aussi dangereuse pour le pays – c’est le protocole me dirait-on – Côté rapport humain, c’était encore plus compliqué qu’au Pérou, puisqu’aucun des employés du service d’immigration ne parlaient anglais ou espagnol. Les seuls mots qui me resteront, en dehors de « obrigado » et « obrigada » que je connaissais déjà, seront «agora» (=maintenant) – «todo bom» (= tout va bien) – «banheiro» (=toilettes).
L’unique avantage de cette vilaine aventure, c’est que j’ai eu un accès prioritaire dans les avions. Ainsi, je suis montée la première (même avant les business et les 1ères classes) dans l’avion à destination de Zurich, pour donner le temps aux fonctionnaires m’escortant de transmettre mon passeport et les instructions sur ma dangerosité au personnel de bord. Le service et la place étaient meilleurs qu’au vol aller (mais toujours pas de hublot). Par contre, j’ai craint un nouveau problème à cette longue odyssée quand l’avion est remonté alors que nous étions en phase d’atterrissage à Zurich. Que s’est-il passé ? Si j’ai bien compris, au dernier moment la piste était occupée. Un petit tour et finalement vingt minutes plus tard on a pu se coller sur la terre helvétique.
Arrivée à Zurich, j’ai été accueillie par deux policiers à la sortie de l’avion. Il a fallu expliquer à nouveau pourquoi j’étais hors-la-loi. Quand ils m’ont dit qu’ils allaient m’emmener en voiture, je n’ai pas pu retenir de leur répondre en allemand : – Ah non ! Cela ne va jamais finir cette histoire. Ils m’ont demandé si je préférais marcher. Bien sûr… J’avais surtout envie d’aller aux toilettes sans être à nouveau escortée. Miracle, ils m’ont rendu mon passeport… et ma liberté.
Au service d’immigration suisse, je me croyais sortie du cauchemar. Je scanne mon passeport pour passer le contrôle automatique. La porte du sas s’ouvre. La machine me prend en photo. La deuxième porte ne s’ouvre pas. J’essaie de ne pas m’inquiéter. Quand finalement je suis libérée, un fonctionnaire m’invite à me présenter au guichet. Il prend mon passeport, l’examine, va contrôler son ordinateur. Une femme en civil vient parler avec lui, puis s’approche de moi. À nouveau, je dois lui raconter mon histoire. Elle m’explique que si elle est là c’est parce qu’elle a vu que j’étais partie samedi pour aller jusqu’au Pérou et revenir quatre jours plus tard. Finalement, je comprends, quand elle m’explique qu’elle travaille pour la brigade des stupéfiants, qu’on me soupçonne d’être allée au Pérou pour en ramener de la drogue. Bien que j’aie compris après en avoir beaucoup rencontré ces derniers jours que les employés des services d’immigration n’ont pas beaucoup le sens de l’humour, je lui réponds : – La seule drogue qu’il y a dans ma valise c’est le chocolat pour mes amis péruviens. La fonctionnaire me libère enfin… et les soupçons semblent écartés vu que la valise rouge n’a franchi aucune frontière.
Jusqu’à ce moment-là je pensais que la compagnie Swiss portait une part de responsabilité dans cette mésaventure, pour m’avoir laissé embarquer sur un vol alors que mon passeport n’était pas conforme à la loi du pays destinataire. Avec le peu d’énergie qu’il me reste, je cherche le guichet Swiss capable de m’aider à récupérer une compensation financière. Sans la moindre trace de compassion, on me répond que tout est à ma charge car j’ai fait le check-in en ligne, donc la compagnie n’était pas tenue de vérifier la validité de mon passeport.
En conclusion, non, je n’ai aucune raison pour recommander la compagnie Swiss, et soyez prudents si vous faites l’enregistrement en ligne, vous pouvez gagner du temps mais pas de l’argent.
Aujourd’hui, je ne sais pas si la valise rouge aura d’autres aventures à raconter, mais je l’ai vite défaite et rangée à la cave, avec l’avantage qu’il n’y avait pas de lessive à faire.
Bien sûr, tout ceci n’est que matériel, avec une grosse fatigue qui aura passé d’ici quelques jours j’espère. Il y a bien pire que cela dans la vie. Cependant, même si je dois en assumer toute la responsabilité, pour passer à la suite des vacances j’avais besoin de partager cette odyssée. Probablement que je ne retournerai jamais au Pérou, mais j’espère bien que la passion des voyages ne se laissera pas éteindre par cette stupide boulette.
Depuis quelque temps, mon envie de communiquer le fil de mes pensées s’est envolée. Vu l’importance de l’écrit pour moi, je ne sais comment analyser ce désintérêt. Peut-être est-ce parce que j’avale trop de mots des autres avec mes lectures… Trop de travail ? Ou alors c’est le poids de tous ces moments déjà écrits qui sommeille au fond de mes tiroirs qui me dissuade un peu de continuer à les accumuler.
Mais voilà que j’ai fait une promesse à la gagnante de la tombola du calendrier de l’Avent… Elle avait déjà « Cette Chère Comtesse », alors je lui ai promis de lui envoyer le prochain roman.
« Le Souffle de la vérité » a lui aussi son histoire. Le manuscrit avait été accepté en 2019 par un éditeur (Plaisir de lire) quelques mois après mon départ au Népal. Malheureusement, quand ils ont su que j’étais domiciliée à l’étranger, ils ont dit que ce n’était plus possible. Alors quand j’ai élu à nouveau domicile en Suisse, je les ai recontactés et ils m’ont répondu qu’ils n’envisageaient pas de nouvelles publications pour 2024 et 2025. Voilà pourquoi j’ai décidé de faire comme pour « Sur les sentiers de Colombie », de l’autoédition sur Amazon. Si j’aime écrire, je n’ai aucun talent pour la vente, mais on ne sait jamais, peut-être que cela intéressera quelques lecteurs…
Voici quelques jours de vacances qui se profilent à l’horizon et m’autorisent à sortir mon nez des mots des autres. Eh dire que je pensais naïvement pouvoir écrire tout en enseignant… Pourtant je me félicite chaque jour d’avoir cette chance de travailler avec des jeunes curieux de ma langue et de l’océan littéraire qui va avec. Certes les étudiants en pleine révisions sont surtout motivés par le besoin de réussir un examen tout prochain pour obtenir une maturité fédérale, mais ce plaisir de la transmission est tellement plus appétissant que d’enseigner à ceux qui n’ont point soif.
Une de mes étudiantes en classe terminale m’a demandé l’autre jour si j’avais un conseil à lui donner pour son futur. Considérant le caractère pétillant et enthousiaste de la jeune fille, la réponse qui m’est venue spontanément pour l’encourager à conserver sa curiosité a été de lui faire part d’une de mes citations préférées :
L’esprit est comme un parachute, il ne fonctionne que lorsqu’il est ouvert.
Heureusement, j’ai moi aussi de quoi élargir mon esprit à la découverte de cette belle région de la Suisse Centrale. Même si on n’est qu’à 882 mètres d’altitude, l’hiver est long à Einsiedeln. Depuis début décembre, je marche sur des sentiers enneigés et j’ai aussi profité de la piste de ski de fond. Hier encore la neige tombait, se mêlant à la pluie de confetti du carnaval local.
Visite aujourd’hui d’un endroit qui impose un silence monacal : la bibliothèque de l’abbaye d’Einsiedeln. Même si j’habite tout près, je n’avais pas encore eu l’occasion de la visiter car on ne peut y entrer qu’avec un guide… et la vision de tous ces livres anciens m’a fait comprendre pourquoi…
Aujourd’hui, j’ai osé… Et miracle, j’ai marché sur les eaux…
J’observais depuis quelques jours ces quelques terriens qui s’aventuraient sur le lac… et comme je n’ai vu aucun marcheur, ni patineur, ni skieur de fond rompre la glace… je me suis lancée. J’aurais bien voulu voir le petit mariolle qui est venu planter son sapin de Noël au milieu du lac de Sihl.