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Un sphinx dans les Alpes suisses

Savoir rire de soi-même est ce que je préfère dans l’humour belge. Alors j’ose vous raconter cette petite histoire qui me laisse encore interrogative sur sa signification.

Il y a une dizaine de jours, je devais surveiller les examens blancs de mes étudiants de dernière année. Pour m’occuper, je me suis amusée à rédiger un texte argumentatif en m’inspirant d’une des questions qui leur était posée (Le « réensauvagement » : un danger ou une chance ?) pensant que cela pourrait servir d’exemple. Alors, l’autre jour, tentant de leur donner les bons outils pour ce genre d’exercice d’écriture, j’ai repris mon texte comme proposition de correction en leur demandant d’analyser chaque partie. Nous avons donc commencé par l’introduction du thème : 

Depuis quelques décennies, on réintroduit en Suisse certaines espèces animales qui avaient disparu depuis longtemps. Ainsi, aujourd’hui il y a de nouveau des loups, des sphynx, des ours et même des bisons d’Europe.

Leur regard était sceptique et l’un des étudiants, qui n’abandonne jamais une question tant qu’il n’a pas compris, a insisté plusieurs fois pour savoir ce qu’était un sphinx, allant même jusqu’à dire que normalement c’était en Égypte. Alors, imaginant que le mot était très différent en allemand ou en anglais, sans le moindre soupçon du surprenant lapsus que j’avais écrit, je suis allée sur Google image pour taper le mot sphynx. Sur l’écran de la classe s’est affichée l’image d’un chat tout maigrichon et sans poil… Surprise que mon ordinateur soit aussi stupide, je me suis enfoncée un peu plus dans mon rêve. Il fallait être plus précis. J’ai écrit sur le moteur de recherche sphynx dans les Alpes, pour voir réapparaître l’affreux chat sur de nombreuses photos, à l’exception d’une image qui me présentait le Jungfraujoch. 

C’est à cet instant-là que mes neurones se sont reconnectés et m’ont ramenée sur terre. Ouh la boulette !

Et là je suis partie d’un grand éclat de rire pour me moquer de ce lapsus involontaire. Comment expliquer cette confusion entre le sphinx et le lynx ? Pourquoi avoir donné un i grec à ce symbole égyptien ? Au vu des nombreuses relectures de mon texte, comment était-ce possible de m’être perdue aussi longtemps dans ce rêve de sphinx ? Sachant que tout lapsus vient révéler quelque chose qui sommeille dans l’inconscient, je cherche depuis une explication… 

Pour tenter d’excuser ma confusion et ne pas perdre trop de crédibilité devant mes étudiants, il ne me restait que l’option de l’honnêteté, à savoir la fatigue… un besoin de vacances… sauf que je viens d’en avoir des vacances… Peut-être est-ce parce que je suis trop immergée dans le monde littéraire, puisque je navigue (dans le train surtout) entre Molière, Jules Verne, St Exupéry, Camus, Ionesco, Duras, Becket et tant d’autres pour nourrir toutes mes classes…

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Arnaque Echovox

Cette fois, c’était la bonne, la camionnette envoyée par le IK est arrivée pour la quatrième fois et Oh Miracle, le lit est monté ! À leur départ, j’ai vu qu’il restait un demi-sommier à monter en trop, ils m’ont dit qu’une autre camionnette passerait le reprendre… Une histoire sans fin…

Aujourd’hui, c’est d’un autre souci dont j’aimerais parler. Eh oui, vous le savez, j’adore les problèmes…  C’est lors d’un contact avec Salt que j’ai compris que l’augmentation du montant de mes factures de téléphone était due à des SMS Premium surtaxés (trois fois Fr. 5.-) provenant du No 949 qui appartient à la société Echovox SA, 1227 Carouge. Vu que je n’envoie jamais de SMS et que je n’avais rien commandé, ni reçu de cette société, j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’une arnaque. Alors j’ai découvert que je n’étais pas la seule puisque des plaintes qui allaient dans le même sens avaient été publiées sur le site PLAINTES.CH.

Comme Salt m’a gentiment donné l’adresse mail de la société Echovox, je leur ai tout de suite écrit. Ils ont promis de me rembourser les Fr. 15.- sur ma prochaine facture avec un message complètement bidon. On verra.

Ce qui m’inquiète ce ne sont pas ces Fr. 15.- volés mais tous ceux qui ne contrôlent pas leur facture et qui risquent d’enrichir ces malhonnêtes. Eh oui, c’est peut-être ça de vivre dans un pays que beaucoup d’esprits tordus confondent avec la poule aux œufs d’or. 

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Un lit pour les vendanges

Ce n’est pas encore le 14 octobre que je dormirai dans mon lit. S’il y a des sommets à atteindre sur le plan de l’incompétence, je pense que cette grosse boîte suédoise pleine de IK est capable d’atteindre l’Everest. Ils ont livré juste avant 17 heures le lundi 14, mais…

  • Désolée madame on ne nous a pas dit de faire le montage.

Et ce ne sont ni mes lamentations ni ma colère qui les convainquent de faire ce qu’on ne leur a pas demandé de faire.

Le problème c’est qu’à chaque fois c’est aussi moi qui me sens incompétente, puisque j’ai fait le choix que presque personne ne fait de faire monter mes meubles parce que je déteste les IK des pièces manquantes ou des modes d’emploi lus à l’envers. Et disons-le, mon esprit pratique n’est pas top. 

Ah là là, je serais bien restée aux vendanges où le lit était confortable, mais il faut reprendre le chemin des écoliers… J’aime toujours autant la saison des récoltes, surtout que le millésime 2024 est particulièrement précieux par tant de naissances dans notre grande famille… Cela a été l’occasion de faire connaissance avec les trois autres petits trésors de ce joyeux quartet.

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Un lit bahamien

Eh bien non, je n’ai toujours pas mon lit… Ce sera peut-être pour lundi… Alors, j’ai fait ce que je sais bien faire, je me suis envolée pour profiter des vacances scolaires. Je suis partie dormir dans un autre lit, trop tentée d’aller rendre visite à ma fille qui travaille aux Bahamas pour quelques mois. 

Destination surprenante qui fait beaucoup penser au sud des États-Unis pour le style de vie. Parfois, on se croirait à la Jamaïque quand on monte dans certains bus et que le volume de la musique reggae oblige à répéter plusieurs fois la destination au chauffeur rasta. Dans un autre bus, tout aussi bruyant, c’est l’écran qui couvre la moitié du champ de vision du conducteur qui me laisse ébahie tout le long du trajet, surtout parce qu’il y regarde, avec les passagers, un film d’action. Cela donne plus la sensation d’être au cinéma que sur la route. Je me sens soulagée d’arriver entière à destination, notamment parce qu’à chaque fois que je le vois boire à sa gourde, je ne peux m’empêcher de me demander si c’est du punch local. Je sais que ce n’est pas bien de juger les gens, mais il n’avait pas la tête de quelqu’un qui boit autant d’eau. Les piétons y sont rares en dehors de la ville, donc il vaut mieux être prudent vu qu’il n’y a pas de trottoir et que les voitures roulent du même côté que les Anglais. C’est d’ailleurs le seul vestige visible de ce que fut la colonisation. Et puis il suffit d’un air de cumbia sur les quais de Nassau pour me transporter en Colombie, ou d’un ceviche dans un bar local pour me rappeler le Pérou. C’est également un ancien repaire de pirates, où sont peut-être encore cachés des trésors, donc on y croise quelques sosies du célèbre Jacques Sparrow. Tous les jours s’arrêtent dans la capitale d’immenses bateaux de croisière, qui déversent une marée de touristes pour la journée. On voit aussi passer au large de luxueux yachts qui rappellent que les richesses de cette planète ne sont pas réparties de manière égalitaire. Une particularité ? Tout y est beaucoup plus cher qu’ailleurs. L’argument qui dit que c’est à cause du fait qu’il faut tout transporter jusque vers les îles ne m’a pas tout à fait convaincue, je me dis que c’est peut-être un bon moyen pour n’y attirer que des riches…  

Et le hasard m’a remise dans le ciel du retour au même moment que l’ouragan Milton se dirigeait dangereusement vers la Floride, mais heureusement les Bahamas n’étaient pas sur sa trajectoire, cela a juste bien arrosé ces magnifiques eaux turquoise pour mon départ. 

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Le IK du lit

Allez, soyons honnête, rentrer au pays ne signifie pas ne plus avoir de problèmes à résoudre. Il faut continuer à s’entraîner. Ainsi, ce soir je tente de me calmer en me disant qu’il y a tout de même une bonne nouvelle puisqu’après cinq jours sans, j’ai de nouveau de l’eau chaude dans mon appartement. Ce qui change peut-être avec la gestion des problèmes entre ici et ailleurs c’est peut-être cet immense sentiment de solitude qui nous envahit quand on vit dans un monde où tout est sensé fonctionner comme sur des roulettes. 

Voilà presque un mois que j’ai mon nouveau « chez moi » et le 11 septembre, pensant avoir assez campé dans mes nouveaux locaux vides, je me suis décidée à commander des meubles pour manger à une table de cuisine, m’asseoir sur un canapé et surtout dormir dans un vrai lit. Même si je ne suis pas fan, je me suis laissé convaincre que la solution idéale serait cette célèbre maison suédoise qui commence par un IK et que beaucoup trouve si fantastique. N’ayant ni voiture ni talent pour le bricolage, mais un ordinateur, j’ai succombé à la tentation en quelques clics pour choisir le mobilier nécessaire en ligne. Commandé, payé, il n’y avait plus qu’à se faire livrer un lundi. Sauf qu’il a fallu attendre plusieurs lundis, et que malgré mes instructions ils sont venus un jour où j’étais au travail (un vendredi) pour livrer une partie des meubles. Vu que je n’étais pas là, ils ont dû repartir j’imagine. C’est là où je déteste la modernité car tout est fait pour qu’on ne puisse pas les appeler. Et quand on trouve enfin un numéro de téléphone, il faut s’armer de patience pour résister à la musique si désagréable et aux messages répétitifs « Nous vous remercions pour votre appel, un collaborateur va vous répondre aussi vite que possible ». Par conséquent, ce n’est qu’hier que les meubles devaient arriver. J’ai attendu les livreurs annoncés vers midi jusqu’à presque 17 heures. Certes ils ont été très rapides au montage… Le seul problème c’est qu’il manquait le matelas et le sommier. Et quand on a sommeil c’est tout de même embêtant.

Résultat des courses, ce soir en rentrant du travail, il a fallu rappeler la boîte suédoise pour savoir quand j’aurai enfin mon lit. Heureusement, j’ai attendu moins longtemps au téléphone que la dernière fois. Pourtant, j’ai enragé quand l’employée m’a dit que le livreur n’avait pas signalé qu’il manquait des articles. Puis, alors que je m’évertuais à faire valoir mes droits, la communication a soudain été coupée. J’ai essayé de rappeler, et, montre en main, j’ai supporté trente minutes de leur « Nous vous remercions pour votre appel, un collaborateur va vous répondre aussi vite que possible », avant de raccrocher avec colère. 

Je ne sais pas comment l’histoire va se terminer, mais en attendant de pouvoir compter les moutons dans un vrai lit, partons les compter dans la verte campagne pour se calmer…

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Le bon sens

Balade dominicale sur les bords du lac de Sihl, chez moi désormais… Le banc m’appelle, pas de rosée sur le bois, je m’y installe. La plume me chatouille, j’écris quelques mots. À droite, le son des cloches dans le pâturage complète la rondeur du paysage. À gauche, le clapotis des vagues adoucit le cadre de cette carte postale. Des promeneurs profitent de cette quiétude matinale et admirent comme moi l’arrière-plan des sommets enneigés. Eh oui, l’été s’en est allé. Encore cinq jours sur le calendrier, mais le ciel lui s’en balance de nos catalogages, ainsi semblent croasser les corbeaux tout là-haut, se moquant de ceux qui se croient les maîtres du monde. Hier on annonçait, comme si c’était une victoire, les premiers touristes dans l’espace… Encore une fois, on préfère aller souiller l’ailleurs plutôt que de balayer devant sa porte. Alors que les plaies du colonialisme ne sont pas refermées, comment ne pas s’inquiéter que des milliardaires puissent tout à coup avoir le pouvoir de s’acheter des étoiles ? Bien que l’on reste impuissant pour stopper le réchauffement, on se croit intelligent et puissant d’aller polluer au-delà de notre terre en lâchant dans l’espace des déchets qui ne se détruiront jamais. 

Allez, revenons sur terre, admirons ces brins d’herbe bousculés par le vent, écoutons Éole s’engouffrer dans les arbres derrière moi. Un voilier gonfle sa toile sur le lac et glisse en silence. Les cloches du monastère n’en finissent plus de sonner. Un dernier regard vers ces deux belles vaches brunes… et dire que ce sont elles que l’on accuse d’être la cause de bien des malheurs… C’est comme si on ne connaissait plus la direction du bon sens. Une pie dans l’herbe verte me rappelle mon tableau préféré de Monet. 

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Einsiedeln

Après l’Asie centrale, la Suisse centrale, me voici à Einsiedeln depuis presque dix jours. Vert et rond est mon paysage… Vous pouvez imaginer combien c’est reposant après avoir vécu cinq ans dans des capitales hyperactives… 

Cette charmante petite ville d’un peu plus de 16’000 habitants (située à 882 mètres d’altitude) m’était complètement inconnue il y a deux mois. Pourtant, quand j’y suis arrivée, j’ai eu l’étrange intuition que c’était là où j’allais habiter. Est-ce à cause des montagnes ? du lac de Sihl juste à côté ? du petit téléski qui laisse imaginer des hivers blancs ? de la tranquillité de la petite ville très fréquentée par les touristes et les pèlerins ? ou alors est-ce à cause de l’immense monastère, de son Abbaye bénédictine et de sa Vierge Noire qui donnent envie de s’arrêter pour écouter l’histoire ? C’est probablement un cocktail de tout cela… On verra…

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La valise rouge sur le départ

Demain dès l’aube je repartirai… Je hisserai la grosse valise rouge jusqu’à Einsiedeln. J’irai sur les chemins (de fer) schwytzois pour démarrer une nouvelle aventure. 

Voilà, alors que le 77ème festival du film de Locarno démarre (sans moi), il est temps de quitter le camp de base et de remercier tous mes hôtes pour l’accueil et les lits prêtés à Ballaigues, Bosco Gurin, la Tour-de-Peilz et tout particulièrement celui de Mondacce où je laisse mon paquetage à chaque étape depuis cinq ans.

Cette fois, même si la nervosité est toujours pareille à l’aube d’une nouvelle histoire, les formalités sont plus simples, je suis en pays connu. Pas de visa nécessaire ou de service d’immigration à convaincre, pas nécessaire d’aller visiter une nouvelle ambassade de suisse, pas de billet d’avion ni de file d’attente pour ouvrir un compte bancaire, pas d’application Pathao, Uber, Grab ou Yandex à apprivoiser, je gère mieux que personne les transports publics helvétiques…

La plus grande inconnue reste cet étrange idiome qu’est le schwytzertütsch. Cela garantit certainement quelques futures incompréhensions. Heureusement qu’à l’école où je prendrai mes fonctions lundi j’ai plus entendu l’anglais, voire l’allemand, que le dialecte local.

On verra bien de quoi je suis capable. Alors pour l’instant, j’ai abandonné mes exercices quotidiens de russe et je me replonge dans une langue étudiée il y a si longtemps, mais qui me semble soudain plus facile comparée aux caractères cyrilliques.

Finalement, ce que j’ai appris de plus important durant ces cinq dernières années c’est à solutionner des problèmes. C’est donc riche de solutions que je continue mon chemin et le plus agréable c’est qu’en Suisse je suis capable de résoudre plusieurs problèmes en une seule journée, en italien, en français ou en allemand (qui finit encore souvent en anglais quand mon interlocuteur invente des mots que mon cerveau ne connaît pas)… Si chaque nouveau départ est difficile c’est parce que l’on sait ce que l’on quitte et que l’on ignore encore tout de ce que seront les nouvelles habitudes.

L’appartement je l’aurai en septembre à Einsiedeln. Pour le mois d’août je m’accommoderai d’une chambre au milieu des pèlerins qui sont sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Comme au Népal, j’habiterai pas très loin d’un monastère, dans lequel vivent des moines depuis 1000 ans…