Il n’est pas de passion plus contagieuse comme celle de la peur.
Michel de Montaigne
C’était un après-midi du mois de juin. Nous étions au milieu d’un champ, quand un orage a éclaté. J’étais avec mon frère, ma sœur et ma grand-mère, je devais avoir autour des neuf ans. La pluie s’est mise à tomber très fort et le ciel était zébré d’éclairs. Le tonnerre grondait bruyamment et soudain j’ai senti sur ma peau des cailloux qui tombaient du ciel. Nous avons hurlé « Il grêle ! » Ce jour-là, nous n’avions pas la voiture et le seul endroit où nous pouvions nous mettre à l’abri était sous le tracteur rouge, car ce dernier n’avait même pas de cabine où se réfugier. Je nous revois encore tous les quatre serrés entre les roues du tracteur. Ce jour-là ce fut surtout la frayeur de ma grand-mère qui me terrorisa car dès qu’elle entendait l’orage, elle avait une peur maladive et contagieuse.