Écrire, c’est transformer à l’aide de la grammaire un chagrin en bonheur.
Jean d’Ormesson
L’océan de la littérature est vaste, il vaut mieux rester sur l’acte d’écriture. Je repense au dernier week-end de formation à Paris. Je devais décrire l’atelier dans lequel j’écris. Voilà à quoi cela ressemble :
Je ferme les yeux. Derrière les paupières j’ai un jardin merveilleux. C’est là que j’écris. Chaque graine pousse à son rythme et s’épanouit grâce à la lumière. Il faut parfois des années de terre en jachère avant que le texte n’éclose. Il y a une allée où je me blesse souvent, des chardons et des cactus peu hospitaliers. Quand des fleurs sortent de ces broussailles, je me laisse gagner par l’étonnement. Anémones, coquelicots, pivoines, j’aime à m’asseoir sous un arbre pour les contempler. Le jardin est toujours ouvert. Quelque part on entend la source qui coule sur les pierres rugueuse. Une grotte m’accueille durant les jours de grande chaleur. Les lys ondulent le long de la vallée. La modeste pâquerette salue et sourit. Le pissenlit n’a point de honte, il soulève son chapeau à chaque passage. Les bleuets harmonisent la toile pleine de mes impressions. Voilà où je suis quand j’écris. Calme et poésie, charme et harmonie, sont les éléments de mon équilibre. L’écriture c’est mon jardin intérieur. Les personnages l’habitent et s’y promènent. C’est là où je vais quand je ne suis pas là. Mettre des mots sur des lignes pour en faire des phrases, c’est comme l’architecture, c’est bâtir quelque chose. J’identifie, je classifie, j’herborise, je jardine dans mes plates-bandes. Je restaure, j’arrose ou j’assèche. Je tire mes flèches, j’allège ou j’enrichis. Parfois mes larmes tombent sur la terre sèche et laissent éclore une fleur inconnue. C’est le jardin des sens, c’est le palais de mes émotions.