On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser.
Antoine de Saint-Exupériy
Je vous parlais de fleur il n’y a pas si longtemps…
Hier, j’ai reçu ce joli bouquet de fleurs virtuel qui montre combien nous sommes capables de nous adapter au changement. Certes, j’aurais préféré un au-revoir loin de nos écrans d’ordinateur et les voir rire entre amis une dernière fois dans la cour de l’école. Heureusement j’ai les souvenirs en tête (et dans ma petite boîte) de ce qu’a été ma mission dans cette école. Il m’est arrivé de dire que j’apprenais plus que les élèves en m’initiant à toutes les cérémonies de chaque culture. Ces longs mois de cours en ligne n’ont pas été aussi divertissants, il a fallu continuer au rythme du tam-tam Zoom.
J’ai beau être habituée aux départs, quand je quitte une classe telle celle-ci, j’ai toujours un léger sentiment de tristesse de les abandonner sur le chemin. Il y a quelque chose de magique d’observer des adolescents. On les connaît dans le cocon de l’enfance et on les voit peu à peu déployer les ailes du papillon qui les emmènera vers leur vie d’adulte. Ce n’est jamais gagné d’avance, il faut apprivoiser leur monde à pas prudents, ne plus les traiter en enfants, mais ne pas exiger d’eux non plus une attitude d’adulte. Déjà en mars, j’ai laissé les plus grands partir sur une nouvelle route, vers leur destin d’étudiant. Comme l’ont si joliment écrit mes élèves « …comme tout ce qui est bon touche à sa fin… »; c’est vrai, on prend le risque de la tristesse dès que l’on se laisse apprivoiser.
Je repense souvent aux paroles de Montaigne « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase c’est allumer un feu » et j’espère toujours que le feu brûlera pendant longtemps.
Ce matin, alors que je commence mes vacances, je me demande si notre hymne à nous tous enseignants ne devrait pas être la chanson de Johnny « Allumer le feu ! »
Pour l’instant, c’est peut-être la pluie que Scooty va devoir défier, pour m’emmener quelque part sur la montagne, loin de tous les écrans et du tam-tam de Zoom.
La marche du jeudi m’a manqué ces derniers mois, je vous l’offre…