Non seulement la pollution lumineuse m’a déplu à Sapa, mais j’ai aussi été triste d’observer comment certaines familles n’hésitaient pas à exposer leurs petits enfants dans le but de profiter de cet afflux de touristes. C’est vrai qu’elles sont mignonnes ces petites filles dans le costume traditionnelle d’une des minorités ethniques de la région (le nom lui-même de minorité est discriminatoire me semble-t-il). Pourtant si vous aviez vu leur regard triste quand elles essayaient de vendre les quelques bracelets ou autres gadgets artisanaux, vous auriez compris comme moi que ce choix n’était pas le leur. Leur insistance à réciter d’une voix monocorde la même phrase en anglais pour nous inciter à acheter m’a mise très mal à l’aise. Qu’on achète ou qu’on n’achète pas, on risque de se sentir coupable, mais j’ai eu le sentiment d’un beau gâchis. Tout comme le gros billet qu’un touriste a déposé dans les mains d’une petite fille qui ne devait pas avoir six ans. Elle portait sur son dos un bébé et marchait parmi la foule pour susciter ce genre de compassion commerciale.
