Voilà que je deviens aussi silencieuse que mes étudiants. Oui, je l’avoue, même après une année au Vietnam, le lourd silence de ces étudiants que l’on interroge et qui ne répondent pas me met mal à l’aise. On dirait presque que l’acte de parole est un risque, une mise à nu interdite. Il faut de l’énergie et j’ai appris à me contenter de petits progrès.
Parlons plutôt de mon long silence, de cette perte d’envie de bavarder à l’écrit. Vous me connaissez, mon langage est toujours celui de la sincérité. Je n’ai pas peur d’oser dire la vérité. Alors voici la raison de cette paralysie créative.
Fr. 202,05… Quel est donc ce chiffre que je ne digère pas ?
Bien sûr que je savais que 5 % sur 29 francs ne promettait pas une fortune, mais quand j’ai connu le montant correspondant aux droits d’auteur pour les 143 copies vendues par mon éditeur en 8 mois, cela a été un choc.
Repensant au long parcours solitaire, aux interminables recherches, aux moments de doutes, de découragement et d’espoir… la seule question qui me hantait était « Tout ça pour ça ? »
J’ai alors été assaillie par toutes les émotions négatives dont mon cerveau a le secret. D’abord déçue, dégoûtée, puis honteuse, après je partais vers la tristesse avant d’osciller vers la colère avec quelques pointes de jalousie, ensuite s’entremêlaient quelques instants d’angoisse, de peur de ne pas être à la hauteur, il y avait même comme une douleur physique, et ensuite je recommençais le cercle de ce tourbillon émotif.
Voyant mon désarroi, ma fille a demandé
- Ça aurait été mieux de ne pas publier ?
Et la question a bien sûr eu son effet.
Alors je me suis souvenue de mon émotion préférée la JOIE. J’ai réécouté quelques conférences du philosophe Frédéric Lenoir sur le sujet pour me rassurer et retrouver mes convictions. Ainsi un matin, une petite fleur sur mon chemin m’a offert sa beauté et ramenée sur la route de l’éternelle optimiste que je suis, parce que malgré les cailloux semés sur les sentiers parcourus j’ai toujours choisi de dire oui à la vie.
Et me voilà repartie avec cette conviction dictée par deux grands philosophes.
Si vous voulez être MALHEUREUX, comparez-vous et vous trouverez toujours quelqu’un qui a quelque chose de plus que vous – Sénèque
Le BONHEUR c’est de continuer à désirer ce qu’on possède déjà – Saint Augustin
