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Escapade à Ferghana

Petite escapade ce week-end pour découvrir la vallée de Ferghana. Grâce au plus long tunnel ferroviaire d’Asie Centrale (19,2 km) inauguré en 2016 la route de la soie vers l’est s’est raccourcie. Il faut un peu plus de 5 heures de train pour relier Tachkent à la vallée, véritable grenier du pays qui a été bien arrosé pendant que j’y étais.

J’avais rendez-vous à Ferghana, une des villes les plus à l’est de l’Ouzbékistan, créée par les Russes près de Marguilan, dernière étape sur la route de la soie avant le franchissement du massif montagneux du Pamir. Comme toujours j’avais plein d’histoires à raconter ou à écouter, donc je me suis laissée guider d’un café à l’autre sans me laisser décourager par la pluie. 

Je suis même allée au théâtre marionnettes, me rendant compte que ce n’est pas toujours indispensable de connaître la langue (ouzbek) pour comprendre une histoire, surtout quand le rire et les commentaires des enfants ponctuent le spectacle. 

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Bravo à eux !

Dans un mois cette aventure ouzbèke se conjuguera au passé. Si je l’ai souvent vécue avec un présent compliqué, voici l’image que je veux garder de cette mission professionnelle en ce jour férié où l’on célèbre la mémoire. 

L’écran de mon téléphone était trop petit pour réussir à les faire tous entrer dans la scène, mais ils y sont presque tous. Comme pour moi enseigner c’est allumer un feu, vous comprendrez combien les étincelles de fierté qui brillent dans les regards de ces jeunes diplômés me ravit. Il y avait longtemps qu’ils attendaient ce moment de gloire pour brandir leur certificat A1. Je vous avoue que je ne suis pas capable de tous les nommer par leur prénom, mais j’ai été témoin de leur apprentissage en classe. 

En novembre dernier, l’ambassade de France avait organisé un examen DELF Junior A1 dans l’école où j’enseigne, la seule de Tachkent qui a le français comme première langue étrangère, et voici les diplômés. Bravo à eux ! Cela n’a pas été simple de leur faire oublier la traduction pour penser plutôt à la communication, mais j’ose espérer que ce n’est que le début de leur parcours vers d’autres certificats. 

Eh oui, puisque le facteur motivation est le plus important dans l’apprentissage d’une langue étrangère, comment donner envie à des jeunes d’apprendre le français alors que le monde semble dominer par l’anglais ?  Peut-être en leur signifiant que la connaissance de cette langue (et de l’anglais) fera d’eux des personnes élitaires. Vu que la plupart maîtrisent déjà parfaitement l’ouzbek et le russe (avec les deux écritures différentes), imaginez un peu la richesse de leur bagage linguistique ! Je crois aussi qu’il faut qu’ils comprennent qu’une langue étrangère permet d’aller vers l’autre, de parler de soi, de mieux se connaître et d’être écouté, beaucoup d’éléments non négligeables lorsque l’on est adolescent. 

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Azadbash Waterfalls

En attendant la Grande Nouvelle, j’ai renfilé mes chaussures de trek, happée par l’appel des montagnes et je suis allée boire à la source Nature… Quelques chutes d’eau le long d’une rivière, des troupeaux de vaches, chevaux, chèvres ou moutons, quelques ânes et chiens accompagnants les bergers, des coccinelles semblant danser sur les hautes herbes au rythme du vent, deux beaux oiseaux bleus perchés sur un arbre sec, un aigle (je crois) tout là-haut sur un rocher… Pas la moindre trace d’autres randonneurs, ce qui explique nos difficultés à trouver une trace et pourquoi très souvent il a fallu se faufiler à travers les broussailles agressives. Par contre, j’ai détesté l’odeur pestilentielle qui se répandait loin à la ronde près du cadavre d’une vache, probablement attaquée par un loup, a supposé notre guide. Heureusement, l’explosion de fleurs et de graminées ramenèrent à mon nez le doux parfum du printemps.

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Au pied de son arbre

J’avais déjà visité le Jardin botanique de Tachkent l’automne dernier. Charmée par les prairies fleuries des montagnes, j’y suis retournée en pensant y trouver des orgies de couleurs ou des raretés botaniques. Tel ne fut pas le cas… À mon avis, cela devrait plutôt s’appeler l’Arboretum ou la Forêt de Tachkent. Certes, c’est un poumon pour la ville, on y respire avec plaisir, on oublie le trafic incessant, les arbres y sont magnifiques, mais à part quelques pervenches et une jolie corolle jaune, je n’y ai pratiquement pas vu de fleurs. 

Par contre, j’ai bien aimé la rencontre avec ce petit écureuil au pied de son arbre. Et comme il n’était pas farouche, j’ai eu le temps de me souvenir en l’observant qu’il était un symbole d’adaptabilité et de changement… un résumé à lui seul de ma vie… 

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Chinorkent

Quelle chance, deux jours de suite en montagne ! On dirait des vacances ! Beaucoup de familles ont eu la même idée et se hissent au sommet du télécabine de Chinorkent. De là, la vue est magnifique, les enfants gambadent dans la verdure, les gens déplient des couvertures et s’installent sous les arbres en fleurs. 

Comme j’y suis déjà venue en septembre, l’idée est d’aller pique-niquer au sommet. La neige a écrasé les arbres cet hiver et écartelé leurs branches, ce qui nous donne bien quelques égratignures quand on se faufile sur un sentier pas toujours facile à trouver. Je suis toujours autant charmée par ces étonnants champs de tulipes sauvages qui poussent sur les montagnes ouzbèkes. 

Quelques heures plus tard, c’est avec l’appétit du montagnard que je croque dans mon sandwich en contemplant le lac Charvaq à nos pieds. 

Seule ombre au tableau, je me rends compte que les agressives broussailles ont dû arracher ma montre car elle n’est plus à mon poignet. Autant chercher une aiguille dans un tas de foin que d’espérer la retrouver, tant pis, il va falloir faire comme les jeunes et m’habituer à lire l’heure sur mon téléphone…