Je ne sais pas vous, mais moi, je développe une véritable allergie aux statistiques. Dès qu’un événement surgit, il faut tout de suite le situer par rapport à sa fréquence, son ampleur, sa dangerosité, sa proximité ou le nombre de victimes. Le chômage n’y échappe pas. Dans une région touristique comme celle où je vis, on est très fier au printemps d’annoncer la baisse du taux de chômage, et on prend un ton catastrophé à la fin de l’automne quand le taux remonte. Tous ces chiffres évitent de raconter des histoires personnelles, ils permettent de ranger chaque cas dans un tiroir et de se rassurer quand on a encore son emploi. Le pire, c’est qu’on leur fait dire n’importe quoi, avec le même résultat, il y a plusieurs clés de lecture. Cela peut même devenir ridicule puisqu’on se réjouira de la diminution des chômeurs de plus de 55 ans, alors qu’en réalité s’ils sont sortis du chômage c’est pour entrer dans la catégorie de l’aide sociale…