Sylvain TESSON. – Le virus n’a pas fauché l’humanité. Les mesures de quarantaine, elles, l’ébranlent. Cela inspire une question : la réponse au virus est-elle proportionnée à sa menace ? Que protège-t-on ? L’intérêt de la vie ou sa durée ? L’un n’est pas comptable de l’autre ! Il y a ceux qui pensent que la valeur de la vie tient à sa longueur plus qu’à sa substance ! Et il y a ceux qui veulent vivre pleinement, même si la santé s’en trouve fragilisée. « Plus longtemps, même enfermés » disent les premiers ! « À l’air libre, malgré le risque », disent les seconds. C’est une éternelle question : dehors ou dedans ? le plein vent ou le formol ?
—Interview du Figaro du 2 novembre 2020—
Ceci explique cela… on ne se mettra jamais d’accord… Sauf que les décideurs ne sont pas les premiers concernés, ils se laissent conseillés par ceux qui pensent que la valeur de la vie tient à sa longueur… Notre idéal de vie doit-il vraiment être basé sur la quantité de jours plutôt que sur la qualité des jours ? Comment peut-on avoir envie de vivre sans conjuguer le verbe « se réjouir » une seule fois durant toute une année ? Je me demande tout de même si l’on n’est pas en train de vouloir remettre le monde entier dans la caverne de Platon.
Oui, le monde est dangereux quand on sort de la caverne. Oui, on se brûlera les yeux si on regarde le soleil après autant de temps passé dans l’obscurité. Oui, n’importe quel fauve peut nous sauter dessus quand on risque un pas hors de sa tanière. Oui, on pourrait mourir de froid si on se perd dans la neige sans être habillé chaudement. Malgré tous ces dangers, la vie vaut la peine d’être vécue, non ?
C’est vrai que les politiciens ne sont pas des philosophes. Dites-moi cependant comment ne pas crier AU SECOURS quand on entend un Premier ministre répondre avec un chèque de santé mentale pour les étudiants en détresse psychologique ?
La nature nous a donné un corps et de quoi raisonner, non ? Même si ce corps n’ose plus tousser, même si ce corps n’ose plus tomber malade, ne faudrait-il pas considérer comme tout à fait normal qu’un jeune ait envie de mettre fin à ses jours après lui avoir confisqué toutes ses libertés ? Pourquoi l’envoyer chez le psychiatre plutôt que de le laisser retourner en cours ? Faites-leur donc écouter la chanson « Faut rigoler » d’Henri Salvador…
