Puisque nous avons la chance d’avoir trois jours de congé à l’occasion de l’Hayit (la fin du Ramadan), j’ai répondu tout de suite « Présent » à la proposition d’excursion jusqu’à la cascade Tawaksai près de la frontière du Kazakstan…
Are you happy of your day ?
me demandait notre sympathique guide après une belle journée de marche.
Oh que oui ! C’est ainsi que j’ai analysé tous les ingrédients qu’il me fallait pour un bon cocktail d’énergie : de l’eau, des fleurs, des animaux et quelques milliers de pas dans la nature… Et quand en plus le tout est arrosé de soleil, le sourire se dessine avec un contour encore plus large.
J’ai passé plusieurs fois à côté de ce bâtiment plutôt anonyme avant d’y rentrer car rien de l’extérieur ne laisse supposer ce qu’on va découvrir à l’intérieur. La mosquée Juma (= mosquée du Vendredi) à Khiva donne l’impression d’entrer dans une forêt de piliers en bois. Elle compte, parait-il, puisque je n’ai pas contrôlé, 213 colonnes toutes d’âges et de motifs différents.
Ah voilà que c’est de nouveau lundi… et pas congé. Eh oui, la routine a toujours eu cet effet sur moi. Peu importe que j’aime ou pas ce que j’ai à faire, c’est comme si on éteignait la lumière dans mon cerveau.
Ce n’est pas encore cette année que je vais rouler les œufs dans les Pâquerettes en collerette, ni croquer une délicieuse salade aux dents-de-lion après avoir fait croquette. Je n’ai pas vu la moindre ombre d’oreilles de lapins en chocolat sur le territoire ouzbek, alors je vous promène encore un peu à Khiva, où j’ai croqué au passage quelques scènes de famille, et je vous souhaite de JOYEUSES FÊTES DE PÂQUES !
Ce ne sont pas les 120 hautes marches en colimaçon du minaret Islam Khodja qui vont me décourager. Allez ce sera bon pour l’entraînement ! Surtout que je vais en avoir besoin, même si je ne le sais pas encore. Pourquoi ? Parce que quand je rentrerai à Tachkent, je serai sans ascenseur pendant 3 jours pour monter (et descendre bien sûr) les 280 marches qui vont jusqu’à mon 12ème étage. Mais restons encore un peu à Khiva. Un minaret comme celui-ci peut avoir trois fonctions : religieux (c’est d’ici que le muezzin appelle à la prière), militaire (c’est un excellent point d’observation pour prévenir les attaques) et un repère que l’on aperçoit au loin pour ne pas se perdre dans le désert.
Beaucoup m’avaient parlé des citadelles fortifiées dans le désert à visiter depuis Khiva. On est dans la région de Khorzem. Au nord il y a le Karakalpakstan, à l’est la région de Boukhara, au sud et à l’ouest le Turkménistan. Ici le mot « école » ne s’écrit pas « Maktab » (en ouzbek) mais « Mekteb ». Eh eh ! je fais ma maline puisque c’est un des seuls mots d’ouzbek que je connais. Maktab = là où ils écrivent…
L’avantage du voyage en solitaire est qu’on est toujours plus ouvert aux rencontres. À la table du petit-déjeuner de la charmante Guest-house où je loge, une Anglaise me propose de partager un taxi vers la découverte. Alors, me voici partie avec cette aimable compagne vers le désert pour visiter trois citadelles.
Ma préférée est Toprak-Kala pour tout le passé qu’évoquent ses ruines. Située sur une colline fortifiée, elle est considérée par les historiens comme l’ancienne capitale du Khorzem. Les premiers vestiges dateraient du 1er siècle avant J.C. Entre 1945 et 1950, les fouilles du chercheur russe soviétique Sergueï Tolstoï ont révélé les ruines d’un palais de 150 salles qui aurait servi de lieu de résidence aux rois des 2ème et 3ème siècles. De nombreux tableaux y ont été découverts, mais il faut aller jusqu’à Saint Pétersbourg pour les voir, puisqu’ils sont exposés au musée de l’Ermitage.
J’aurais bien aimé y arriver à cheval, ou à dos de dromadaire, car le désert alentour invite au déplacement dans la lenteur pour mieux s’imprégner des siècles passés…
Sur la grande place de Khiva, on comprend facilement à quoi servent ces étranges constructions. En effet, durant toute la journée on y voit des femmes qui cuisent le pain. Ces grands fours d’argile sont appelés « tandyr ». Le pain (lepyochka) est une nourriture sacrée pour les Ouzbeks, chaque région a sa spécialité et le prépare avec un levain différent. Si j’en crois les rumeurs, le meilleur est celui de Samarcande.
À Khiva, la fabrication de ces pains ronds est une véritable animation et je ne sais comment vous décrire l’agréable fumet qui envahit la place à chaque fournée.
Comme toujours, rien de tel pour recharger les batteries qu’une petite escapade vers l’inconnu. C’est donc avec joie que j’accueille ce long week-end pour Navrouz le 21 mars. Cette fête païenne d’origine persane, célèbre la renaissance de la nature et le début du printemps / – No = nouveau – Rouz = jour. / C’est l’occasion de faire le grand ménage dans les maisons, les cours, les rues et les écoles. Tout doit être propre. Étant donné que c’était déjà propre chez moi, je suis partie explorer Khiva, la troisième destination incontournable de l’Ouzbékistan. À l’intérieur d’une haute muraille, la ville dégage une atmosphère magique et très tranquille où il fait bon flâner. Je n’ai pas vraiment vu comment les Ouzbeks fêtaient Navrouz, c’est surtout un jour de festin dans les familles, et comme il pleuvait le 21 mars, aucune fête n’était organisée dans les rues de Khiva.