Je me demande si l’art d’écrire ne repose pas sur la capacité que l’on a à s’ennuyer. Rien ne vient quand on est dans la frénésie, dans l’action… Si en Colombie, c’était en laissant mes pensées voler dans mon jardin que les mots sortaient de la plume, ici c’est en contemplant le monde d’en haut… les terrasse sur les toits. En cette période de confinement, le temps coule à profusion pour s’ennuyer… Hier, j’ai pris une photo du monde d’en haut et me suis souvenue d’un dimanche du mois d’août où j’écrivais :
Droit devant moi, je surveille la construction d’une maison de six ou sept étages. Aucun échafaudage, on élève les murs et les escaliers et la maison pousse vers le ciel. Une femme descend avec un bidon. Un homme monte avec un sac (du ciment ?) Chacun s’affaire. Au sommet, deux femmes sont assises, mais je ne vois pas ce qu’elles font. L’autre femme est remontée avec un plateau contenant je ne sais quoi et l’a versé… oui, c’est ça, ils font du ciment. Un homme redescend avec deux bidons. La femme déroule une corde à laquelle (à l’étage inférieur) l’homme accroche un sceau d’eau. C’est bizarre qu’ils n’aient pas construit les murs sur le côté. Un homme transporte du béton frais et le verse dans le trou. La femme le tasse avec une perche en bambou. Une des femmes assises s’est levée, elle semble avoir des courbatures. Tout le monde surveille les travaux… même moi… c’est vrai, j’ai du temps à perdre… et le lecteur aussi.