Je me souviens du jour où la maîtresse nous avait demandé de dessiner le métier que nous aimerions faire. J’étais en 3ème primaire à Rances avec Mademoiselle Besançon. Ce jour-là ma camarade de classe m’a appris le mot « speakerine », j’avais été impressionnée qu’elle connaisse un mot si savant alors que nous n’avions que 9 ans. Je revois la forme triangulaire des pieds sur mon dessin, eh oui à cette époque, mon ambition était de devenir danseuse et il fallait un triangle pour qu’on comprenne qu’elle était sur les pointes. Encore aujourd’hui je me demande qui avait mis cette idée dans ma petite tête et si quelques-uns de mes compagnons de l’époque font le métier qu’ils avaient dessiné.
C’est à la banque que j’ai commencé ma carrière professionnelle, un véritable cliché quand on est Suisse. Ce monde-là était passionnant, quoiqu’un peu trop feutré pour combler mes envies de découvertes. La curiosité m’a propulsée vers d’autres métiers : la restauration, les vins, le sport, le tourisme, le voyage, l’assistance à la clientèle, l’éducation, l’hôtellerie (un petit coucou au passage à tous ceux qui ont dormi dans les lits de la pension Attima d’Ascona). Mes deux expériences les plus extrêmes restent les quelques jours dans une fabrique de choucroute (je ne vous dis pas l’odeur) et ceux passés à gainer des câbles pour un électricien devant les futurs frigos de Carrefour à Cheseaux (qui doit avoir disparu depuis – mais peut-être que mes câbles y sont encore).
Finalement, j’ai pu assouvir ma véritable passion depuis que j’ai enfilé le tablier de prof de français, écoutant et enseignant des mots tout en me promenant de ci de là.
Pourquoi je vous parle de professions aujourd’hui ? Parce que dans chaque métier il y a toujours quelque chose qui nous ennuie. En ce moment, je me noie dans les évaluations, c’est l’époque de tous les examens DELF/DALF et vous le savez déjà je n’aime pas évaluer. J’aime allumer le feu de la passion pour la langue et la partager. Alors ce matin, prise au piège de cette overdoses d’examens, je me demandais si ce n’est pas plutôt une carrière d’exploratrice que j’aurais dû choisir. C’est vrai que les postes sont rares et majoritairement occupés par des hommes, mais on ne sait jamais… L’autre problème c’est que les seules terres qu’il reste à explorer ne sont pas sur cette planète et s’il n’y a personne à rencontrer cela ne m’intéresse pas.
