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Les cages à tigres

J’ai besoin de vous parler de ces ombres de la barbarie parce que comme le dit un proverbe oriental la mémoire se perd mais l’écriture demeure.

Même si j’en avais beaucoup entendu parler, voir les cages à tigres de Con Dao et me promener en des lieux aussi lugubres a vraiment été un choc.

Elles furent construites en 1940 pour incarcérer près de deux milles prisonniers politiques, dont de nombreuses femmes. Les États-Unis continuèrent à les utiliser de 1960 à 1970. Les prisonniers étaient enfermés et enchaînés dans ces fosses en béton avec des barreaux au plafond. 
Pour visiter les cent-vingt minuscules cellules, on traverse une longue passerelle dans un bâtiment qui en contient une cinquantaine. De là les gardes frappaient les prisonniers et les aspergeaient de chaux vive mélangée à de l’eau. Était-ce pour lutter contre les poux et la vermine ou simplement pour le plaisir sadique ? Cet horrible traitement provoquait des brûlures et la cécité de nombreux détenus. 

Comment pouvait-on pousser la cruauté à un tel point ? Être enfermé dans ces cages devait être bien pire que la mort. Le roman « Riz noir » d’Anna Moï témoigne de cette horreur. 
Pour rendre la scène plus réelle, on y voit des mannequins dans de nombreuses cellules ou en-dessus des barreaux pour représenter les prisonniers et les gardiens.

 Cette honte punitive a été bien cachée et tenue secrète longtemps. Ce n’est que grâce aux témoignages d’un ancien détenu qu’elles ont été découvertes.

En 1970, une délégation américaine s’est rendue au Sud-Vietnam. Lorsqu’ils arrivèrent sur l’île, Frank Walton, le directeur de la sécurité publique, se vanta que l’inspection révélerait un établissement offrant de meilleures conditions que les prisons de son pays. Cependant, Tom Harkin, un assistant du Congrès, avait appris d’un ancien prisonnier comment localiser la zone cachée de la prison où se trouvaient les cages à tigres. Ils s’écartèrent de la visite prévue pour la délégation. Quand il vit la porte d’accès bien cachée derrière un potager, il demanda à leur guide ce qu’il y avait derrière. Celui-ci voulut nier en disant qu’il n’y avait rien, mais le geôlier à l’intérieur, habitué au signal de sa voix, ouvrit la porte sur l’horreur des cages à tigres.  
Malgré cela le rapport officiel de la délégation sur le voyage minimisa les conditions de détention abusives. Harkin décida alors de divulguer les photos qu’il avait prises durant la visite. Révolté par ce « blanchiment », il se sentit obligé de témoigner des violations qu’il avait constatées. Les photos tristement célèbres furent publiées dans le magazine « Life » en 1970.
Heureusement, aujourd’hui sur cette charmante île c’est un vent de quiétude qui la caresse et c’est en plongeant dans la mer que l’on retrouve la magie de l’instant présent. 

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